Résumé :
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Avec une prudence de dandy, Musset se méfie des idéaux majuscules - la Politique, le Savoir, la Philosophie, la Religion, la Littérature, même - parce qu'il sait qu'après 1793 et 1814, l'homme est durablement installé dans un paysage de ruines. L'amère vérité ne se clame pas, elle se dit "mezza voce", avec une forme consentie de désinvolture. Une grâce obstinée. Car dans le désastre demeure une étincelle, infime, précaire, elle-même travaillée par la désillusion ici régnante : l'amour. Soit presque rien. Sur quoi Musset fait le pari de tout bâtir, sa vie comme son œuvre. Le presque-rien de Musset a encore beaucoup à nous dire, de cette présence ambiguë, en nous, du vide et de l'absence, de nos façons d'aimer, de ce que nous attendons des livres, de notre rapport aux idéaux qui continuent en nous leur œuvre par-delà leur éviction. Dans l'enquête que nous avons entreprise depuis 2001 pour les Éditions du Cerf sur les rapports de la littérature et de la spiritualité, l'exercice de lecture que nous permet Musset nous mène vers cette zone de l'esprit, assez envoûtante, où le désenchantement le plus profond croise de façon inattendue une forme instinctive d'espérance.
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