Résumé :
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Le travail de la philosophie est une analyse des limites : mais alors que Kant et la tradition voulaient déterminer les frontières de la connaissance, la philosophie doit aujourd'hui, pour Foucault, déterminer ce dont on peut s'affranchir. Il ne s'agit plus de comprendre les structures universelles du savoir, mais d'élucider les conditions historiques de ce qui constitue notre actualité comme contingente, et donc contestable. Cette émancipation est le fruit d'un long travail, qui emprunte des voies aussi surprenantes que l'enquête historique, et des méthodes aussi apparemment abstraites que l'archéologie. Sa visée : permettre de concevoir notre pensée comme une donnée essentiellement critiquable, donnant ainsi sa chance à l'impatience de la liberté. C'est de la philosophie que le mouvement par lequel, non sans efforts et tâtonnements et rêves et illusions, on se détache de ce qui est acquis pour vrai et qu'on cherche d'autres règles du jeu. C'est de la philosophie que le déplacement et la transformation des cadres de pensée, la modification des valeurs reçues et tout le travail qui se fait pour penser autrement, pour faire autre chose, pour devenir autre que ce qu'on est. (Foucault, Dits et écrits). Olivier DEKENS est professeur agrégé de philosophie en classes préparatoires littéraires au Lycée Guist'hau de Nantes. Il a consacré de nombreux ouvrages à la philosophie moderne et contemporaine.
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