Résumé :
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Les Gnaoua sont les descendants d'esclaves noirs du Maroc. Musico thérapeutes, ils soignent la maladie par les couleurs, les parfums et la transe. Tout en adoptant l'islam, ils ont continué de célébrer les esprits africains au cours de rituels théâtralisés qui sont un peu l'équivalent du candomblé brésilien (qui a donné naissance à la samba) ou de la santeria cubaine (d'où est issue la salsa). Articulé sur la Lila, la cérémonie des sept couleurs qui dure toute une nuit, ce documentaire réunit trois des plus grands maîtres gnaouis. Deux d’entre eux, les plus illustres, ont aujourd’hui disparu, : Mâalem Sam et Hamida Boussou. La troisième génération, celle qui a commencé à se frotter aux syncopes du rock est représentée par Moustapha Bakbou, le Jimi Hendrix de la basse guembri. Le rituel fut organisé en juin 1998 dans la vieille Maison Rose de Moulay Bouzarktoune, à quelques kilomètres d’Essaouira, au Maroc. Sous l’œil d’une caméra attentive à ne pas perturber la lente montée des exaltations, les mâalems dirigent la succession des étoffes aux sept couleurs que l’on plie et déplie pour s’en couvrir. Ils veillent au bon déroulement de ces antiques musicothérapies par la transe dont les ethnopsychiatres d’aujourd’hui, s’inspirent. Le rôle de la moqadma (la « prêtresse ») est plus secret, mais sa dimension sacrée est essentielle. Comme les musiciens, elle conte les circonstances de son initiation tandis que les musicologues -Viviana Pacques, Abdelkader Mana, Abdelhafid Chlyeh- analysent l’arrière-plan symbolique de ces syncrétismes afro-maghrébins. En flash back récurrents, les séquences, tournées lors de la première édition du Festival d’Essaouira, donnent la mesure des métamorphoses opérées pour la scène, au contact du rock et du jazz, en compagnie de Hassan Hakmoun, Louis Bertignac, Loy Ehrlich, Mâalem Regragui, Abderrahmane Paco.
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