Résumé :
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Se souvenir avec et pour les textes, écrire, écouter, voir, traduire aussi, telle serait la poétique subtile qui se tisse dans Le Palimpseste mémoriel que nous offre Anne-Marie Smith-Di Biasio. Un même geste entrelace les fils de toute rencontre esthétique, là où une même qualité d'attention les relie en transparence, quand la langue se fait musique et l'image s'ouvre à l'interstitiel. De quoi le « modernisme » est-il ici le nom pour qu'il faille l'écrire au pluriel et que, pourtant, de Virginia Woolf à Luchino Visconti, de Walter Benjamin à Amos Oz, d'Anthony Minghella à Katherine Mansfield, de Sigmund Freud à Pablo Neruda, se trace un retour, s'entende une même condition, se déploie une même nappe expérientielle ? De quoi les modernismes pluriels et pourtant un nous approchent-ils qu'il faille cette qualité d'écoute, cette attention mémorielle ? De chapitre en chapitre, le modernisme et ce dont il est la trace circule de roman en film, de symphonie en poème, nous revient et s'altère pour mieux dire ce que traque la lecture d'un estrangement. L'intertextualité anachronique reconduit cet exil intérieur, cette mise en fuite du sens, la saisit au moment même où le sens s'inaugure, à contre-sens, dans un fécond déport mélancolique. Car le modernisme doit s'entendre ici comme une « arrière-langue » en attente de son inscription, la condition négative d'un sens qui peine à s'inventer dans un présent vacillant, dont la promesse paradoxale ne peut que revenir, être « palimpseste mémoriel ».
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