Résumé :
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Construite par Albert Laprade, puis rénovée à l'initiative du roi Hassan II en 1982, la maison du Maroc à la Cité internationale universitaire de Paris rappelle à la fois le riche passé et la modernité de l'architecture marocaine, où se mêlent un patio andalou, une entrée monumentale ainsi qu'un salon décoré de zelliges. Elle abrite en moyenne, depuis 1953, plus de deux cents étudiants, marocains et étrangers, qui y effectuent leur cursus universitaire. Haut lieu turbulent du Maghreb dans la capitale française, elle a vu passer entre ses murs des générations de résidents tour à tour nationalistes, marxistes, panarabistes, progressistes, islamistes et technocrates, soit une grande partie des élites qui ont fait le Maroc de la deuxième moitié du XXe et du début du XXIe siècle. Fondée en 1949 par le général Alphonse Juin et ouverte en octobre 1953, peu après l'exil du sultan Sidi Mohamed Ben Youssef, la maison du Maroc a connu, entre autres, une longue phase de quasi-autogestion entre 1968 et 1970, plusieurs grèves de la faim, des squats, des rénovations architecturales… Cette histoire et la mémoire qui en découle sont largement méconnues. Fondé sur la méthodologie des lieux de mémoire, ainsi que sur des archives inédites et une quarantaine de témoignages oraux, un pan entier de l'histoire sociale et politique du Maroc, du protectorat à nos jours, est ainsi reconstitué. Du parcours de jeunes étudiants à la « grande histoire » des relations franco-marocaines, ce pavillon a été une école du militantisme et de la culture préfigurant les mutations profondes de la société marocaine. C'est cette « fabrique des intelligentsias » bouillonnante de vie et d'utopie que ce livre se propose de décrypter.
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