Résumé :
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Comment l'islam parvient à déstabiliser la politique des modernes ou à défier la sécularisation ? Ce livre propose une enquête généalogique de la pensée du politique dans la tradition islamique. Il montre que la dynamique de cette pensée n'est pas réductible à l'opposition entre la lettre et l'esprit, entre la shari'a et la mystique, ni même entre les deux courants majeurs de cette religion, à savoir le sunnisme et le shi'isme. A travers les analyses d'Anoush Ganjipour, on constate que toutes ces oppositions renvoient à deux paradigmes d'autorité qui cohabitent dans ce monothéisme : le paradigme pastoral et le paradigme monarchique. C'est cette cohabitation qui polarise la structure théologico-politique de l'islam et rend ambivalent le rapport de cette religion au gouvernement des hommes. Sous cette nouvelle lumière, la tradition islamique se découvre autrement : une tradition qui, dans son histoire, mobilise constamment son héritage grec ou ses sources communes avec les deux autres religions du Livre pour penser les différentes formes de combinaison entre les deux paradigmes, et pour repenser à chaque fois le rapport du religieux au politique. Comme si, par cet effort continu, la tradition islamique avait cherché à réaliser une possibilité monothéiste différente par rapport à celles explorées dans le judaïsme et le christianisme. Les modernes ont voulu penser la politique entre Athènes et Jérusalem. Ce livre invite à y ajouter désormais un troisième pôle : La Mecque. Anoush Ganjipour est philosophe et spécialiste de la pensée islamique. Il a publié Le Réel et la Fiction. Essai de poétique comparée (Hermann, 2014) et Politique de l'exil. Giorgio Agamben et l'usage de la métaphysique (Lignes, 2019)
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