Résumé :
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Le développement est la grande affaire des psychologues. Pourtant rien n'est plus difficile que de déconstruire des liaisons étroites entre phénomènes. Les exemples de ces difficultés abondent. Ainsi, parce que les expressions émotionnelles se lisent surtout sur le visage, les stimuli sont des faces expressives, mais ce faisant reste indéterminée la question de savoir si le cerveau traite un seul phénomène ou deux (le visage d'une part, les signaux émotionnels d'autre part) intimement liés mais indépendants. Tenter de déconstruire pour parvenir à dépister l'origine d'une évolution ou la source d'un trouble développemental est un exercice très répandu, voire routinier. Ainsi en clinique, la déconstruction est implicitement requise sous la forme d'une catamnèse (cf. un récapitulatif historique censé mener à la source du trouble). Notre approche naturelle de la causalité nous mène à des raisonnements simples de type ante hoc, propter hoc (ce qui est, trouve sa cause dans un état antérieur). Nous sommes enclins à rechercher des traces précoces de ce que l'on observe à un moment donné. Si l'on a une telle optique, on s'attend à débusquer des émergences comportementales préfigurant les comportements matures et à pouvoir constater leur absence ou leur déficit dans le cas d'un trouble développemental. Derrière la recherche de précurseurs, il y a une option de continuité et de linéarité du développement. Or les choses ne sont pas si simples. Comment se représenter et prendre en compte une telle complexité Nous avons besoin de modèles développementaux pour ce faire. Ce numéro thématique offre un ensemble coordonné d'articles magistraux aptes à satisfaire les besoins les plus exigeants des étudiants, des chercheurs et des praticiens en quête de formalisation du développement humain.
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