Résumé :
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La philosophie cartésienne se décline en un refrain tranquille : « je pense, donc je suis », la méthode, le doute, le triomphe de la raison, Dieu lui-même soumis à la logique de l’entendement et toutes les passions domestiquées. Ce refrain semble même être devenu celui de la nation française toute entière : y a-t-il un autre philosophe auquel il soit fait aussi couramment référence Mais ce « cartésianisme » que la tradition a retenu n’est justement pas cartésien. A rebours de nos à priori sur Descartes, Laurence Devillairs souligne le caractère inclassable de sa philosophie : Descartes revendique le droit de la raison à s’exercer librement mais il se définit aussi comme « philosophe chrétien » ; il déclare l’homme capable de connaitre l’essence même de Dieu mais en affirme l’irréductible incompréhensibilité ; il rétablit les droits de l’âme contre toute confusion avec le corporel mais fait de l’homme l’union intime d’un corps et d’un esprit. Ainsi se fait jour le portrait d’un maître à penser sans réel disciple, critique de la philosophie de l’école, désireux de voir le cartésianisme enseigné au titre de philosophie officielle, premier philosophe de la modernité et meilleur théologien de son siècle. Descartes n’a d’autre école que la sienne.
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