Résumé :
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Jacques Foccart a été, dans la République gaulliste de 1959 à 1974, le secrétaire général des Affaires africaines et malgaches. « Monsieur Afrique » incarne encore aujourd'hui dans les esprits la « Françafrique » néocoloniale, avec tout ce que cela peut impliquer d'interventions politique et militaire, de corruption des dirigeants, de rôle trouble d'intermédiaires ou de coups tordus de mercenaires. Après son départ, ses successeurs ont marché dans ses pas, mélange subtil d'héritage des cadres tracés par les accords bilatéraux et de volonté personnelle de chaque président. Depuis les indépendances, l'Afrique a ainsi constitué un prolongement de la politique hexagonale. La pensée fondatrice de Foccart n'a, sur ce point, que peu évolué avec ses successeurs : « Les relations franco-africaines ne se situent pas seulement en effet sur le plan des relations diplomatiques, elles revêtent un caractère de coopération entre la France et ces états dans les secteurs les plus importants de leurs activités. De plus, elles se situent sur un plan de liens amicaux et personnels ». L'Afrique constitue donc bel et bien le coeur de l'influence française, dans le concert des nations et la sécurité mondiale, pendant la Guerre froide comme après. Pourtant, au lendemain de la chute de la menace communiste, la France a de moins en moins maîtrisé les événements sur le continent, et semblent avoir éprouvé de plus en plus de peine à offrir une ligne claire et continue de son action. La « méthode Foccart », pour être convenablement comprise, doit être réinscrite dans une logique générationnelle : celle des classes politiques qui ont préparé puis orchestré la décolonisation de l'Empire français des années 1940 aux années 1980. Trop souvent sortie de son cadre chronologique pour être analysée comme une recette politique des relations francoafricaines, la « méthode Foccart » a laissé place au « syndrôme Foccart », à l'idée qu'il y aurait eu une politique africaine unifiée, tant dans ses objectifs que dans ses moyens, pour l'ériger en socle du grand dessein national imaginé par de Gaulle. Une idée fausse qui pourtant est restée, consciemment ou inconsciemment, l'horizon des relations franco-africaines pour tous ses successeurs au cours du demi-siècle qui succède aux indépendances.
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