Résumé :
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« Je voudrais faire des portraits qui un siècle plus tard aux gens dalors apparussent comme des apparitions » écrivait Van Gogh il y a justement un siècle. Ces portraits, on peut douter quils apparaissent aujourdhui : comble de la valeur marchande, ils sont aussi peu visibles que les effigies des billets de banque. Cest que Van Gogh, qui accessoirement était peintre aussi, est une affaire en or. Dans cette affaire, il est bien au-delà de son uvre maintenant, nulle part. Jai voulu le voir en deçà de luvre ; par les yeux de quelquun qui ignore ce quest une uvre, si ce phénomène était encore possible à la fin du siècle dernier ; quelquun qui vivait dans un temps et dans un milieu où la mode nétait pas encore que tout le monde comprît la bonne peinture : ce facteur Roulin qui fut lami dun Hollandais pauvre, peintre accessoirement, en Arles en 1888. Et bien sûr je ny suis pas parvenu. Le mythe est beaucoup plus fort, il absorbe toute tentative de sen distraire, lattire dans son orbite et sen nourrit, ajoutant quelques sous au capital de cette affaire en or, sempiternellement. Cet échec est peut-être réconfortant : il me permet de penser que le facteur Roulin se tient nécessairement devant qui lévoque à la façon dune apparition, comme le voulait celui qui le fit exister. P. M.
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