Titre : | La trahison de l'ange : roman |
Auteurs : | Ève de (1960-....) Castro, Auteur |
Type de document : | texte imprimé |
Editeur : | Paris : R. Laffont, impr. 2006 |
ISBN/ISSN/EAN : | 2-221-09645-2 |
Format : | 1 vol. (431 p.) / couv. ill. en coul. / 24 cm |
Langues: | Français |
Résumé : |
De l'utilité des jeux de société quand on est grand, noir, fauché et qu'on a de l'ambition
Lui, c'était Nat. Ce soir-là, il se trouvait beau. Le miroir était fendu, le lavabo fuyait, mais ce soir-là si Nat courbait la tête en se rasant, ce n'est pas parce qu'il habitait un grenier que sa logeuse eût raisonnablement dû réserver aux pigeons, c'est parce qu'il était grand. S'il avait su attraper un ballon, il aurait fait un basketteur d'enfer. Il se serait bien vu mannequin, aussi. Sauf que pour les fringues, il mettait toujours un temps fou. Les manches, les boutons. Quand il y pensait, il se disait qu'il avait un genre de problème avec l'envers et l'endroit. Dans les restaurants, il retournait les assiettes. Les vestes des gens, il fallait qu'il touche la doublure. Les filles, dès qu'il commençait côté pile, ça le démangeait de les basculer côté face. Il y en avait que faire la crêpe amusait, mais la plupart soupiraient : «Faut de la persévérance dans l'action, man, sinon ça décollera jamais.» Elles disaient : «Tu lasses, Milou, dommage, y avait du potentiel», et puis : «Sans rancune, hein, mais surtout, rappelle pas.» Les femmes qui salivaient sur Nat conjuguaient rarement le subjonctif. Un vocabulaire de cours primaire, le monde regardé par la fente d'une braguette et des ambitions de nain de jardin. Quand elles lorgnaient un type comme lui, avec des grandes jambes, des grands bras, une grande bouche et la peau bien cirée, ce qu'elles avaient en tête, ça clignotait dans leurs yeux. Et pas seulement dans leurs yeux. Elles se campaient avec la bouche en position sangsue, elles suçaient un instant après l'autre et dès qu'il était à sec, le pauvre, poubelle. Elles savaient que le désir vieillit moins vite que le décolleté, alors elles s'efforçaient de mettre les bouchées triples. Nat comprenait cette urgence. Il respectait les femmes, même celles qui ne pensaient qu'à profiter de lui. Le drame, son drame intime et quotidien, c'est qu'il ressemblait à un appartement témoin. Côté façade, ça en jetait. Il marchait comme un jaguar. Il avait des doigts de pianiste. Rajoutons juste pour le citron dans le Coca qu'en plus il causait. Les filles n'écoutaient pas, mais qu'on prenne le temps de la conversation, qu'on utilise un langage choisi, ça les étonnait et ça les flattait. |
Exemplaires (1)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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TA 400479 | R-CAS | Livre | IF TANGER | Roman policier | Libre accès Disponible |