Résumé :
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Hector, le défenseur de Troie dans l'Iliade, semble un personnage bien fait pour intéresser et émouvoir un public de notre temps. C'est un héros plus humain qu'aucun autre. Homère aurait très bien pu montrer ce prince troyen sous un jour un peu hostile, comme un ennemi. Or, c'est le contraire qui se produit. En effet, Homère nous présente Hector, Hector seul, entouré des siens, de son père et de sa mère, de sa femme et de son enfant - et tout le monde connaît les adieux admirables d'Hector et d'Andromaque : ceci forme autour de la personne d'Hector un réseau de sympathie, d'inquiétude et de profonde pitié. Cette pitié trouve bientôt de quoi se justifier, car Hector va être tué dans le poème, il sera même maltraité après sa mort, Achille refusant de le laisser ensevelir. Ces chants d'Homère, qui sont les plus beaux et qui se terminent par un apaisement, expriment ainsi d'un bout à l'autre la douleur de la mort à la guerre et le devoir de respecter les corps des victimes. Deux thèmes qui ont de quoi toucher les hommes de notre époque tourmentée. Mais il se trouve aussi que ces textes sur la guerre de Troie n'ont pas cessé de vivre, d'être lus, d'être imités, d'être modifiés. Aussi je ne me suis pas contentée de cette relecture. A chaque fois j'ai voulu apporter des rapprochements : rapprochements avec d'autres textes grecs ; rapprochements avec des textes du Moyen Age, de l'époque classique, de l'époque moderne ; rapprochements même avec des scènes qu'il m'était arrivé de vivre ou de voir vivre. De cette façon, en plus de l'émotion suscitée par le poème lui-même, le livre avait une chance de jeter quelques lumières sur un aspect particulier de l'histoire de la culture. J de Romilly.
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