Résumé :
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Le roman reviendrait-il, de nos jours, à la grande tradition du récit de caractères, de mœurs, d'aventures et de destinée ? Ce serait une raison pour s'interroger sur les mérites des œuvres maîtresses qui ont donné à cette tradition son esthétique, voire sa poétique. Il existe en effet, sans paradoxe, une poétique du réalisme et du naturalisme : elle induit chez le lecteur, inséparablement, le plaisir de la connaissance et le plaisir de la fiction, dans un même plaisir du texte, selon le mot de Roland Barthes. Chez Flaubert, Zola, Maupassant, et les autres, le regard et le signe sont associés, créant une vérité du roman qui est autre chose que la vérité dans le roman. Ne pas se laisser tromper donc par le discours sur le document humain, l'observation, la littérature exposante ou, en termes plus modernes, la mimésis. À l'inverse, ne pas dénoncer sans nuances l'illusion réaliste. Les contraintes de la forme romanesque et le cahier des charges de l'écriture réaliste, filtrent et transforment le regard ethnographique sans le détruire mais, au contraire, en le fortifiant. De là, naît l'ironie impassible de Flaubert, aussi bien que le tragique carnavalesque de Zola. Point de définition univoque, mais une diversité de configurations. Ainsi, s'ouvre au lecteur une source d'analyses fécondes, pourvu qu'il se détourne des catégories scolaires et de la vulgate critique.
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