Résumé :
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Largement représenté depuis les origines de la photographie, le corps devient un thème majeur des années 1980. Revendication de l'homosexualité chez Mapplethorpe, interrogation sur les stéréotypes féminins chez Cindy Sherman, représentation d'un corps vieillissant chez Coplans, réflexion sur l'immontrable avec des photographies grand format de cadavres chez Serrano... Cette omniprésence du corps dans la production contemporaine est donc l'occasion de s'interroger aujourd'hui sur sa représentation tout au long de l'histoire de la photographie. C'est pourquoi il est si précieux que les auteurs de cet ouvrage refusent de s'engager dans une analyse uniquement stylistique des images. Pour eux, la photographie n'est pas un médium objectif. Chaque image révèle, au-delà du sujet représenté, les relations sujet/photographe, relations de pouvoir, de sexe, de race, de classe. Pour les préciser, les auteurs s'attachent à replacer chaque prise de vue dans son contexte historique, sociologique, psychologique. Illustré d'oeuvres appartenant déjà à l'histoire de la photographie mais aussi d'images moins connues, l'ouvrage suit un plan à la fois chronologique et thématique. Sont abordés, après les premiers portraits de Bayard et de Nadar, les problèmes de l'ethnographie et du racisme, de l'identité judiciaire et de la recherche du faciès type, mais également le nu et la sexualité. Les auteurs évoquent les grands courants artistiques, comme le modernisme aux États-Unis avec Weston et Stieglitz, le surréalisme et les mouvements d'avant-garde en Europe, avec Man Ray, Kertész, Rodtchenko. La prise en compte de grands thèmes historiques permet de mettre à jour des représentations caractéristiques qui émergent à l'occasion de la grande dépression aux États-Unis avec Walker Evans et Dorothea Lange, ou pendant la crise sociale en Europe avec August Sander et Bill Brandt.
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